Vins Bio, en biodynamie et nature : quelles différences ?
Des articles sur la différence entre les vins bio, en biodynamie et nature, ce n’est pas ce qui manque sur le web. Pourtant, les réglementations du vin évoluent aussi bien que les mœurs. Il faut donc mettre à jour l’encyclopédie viticole en ligne. Alors, promis, pas de conférence soporifique mais… une invitation au voyage. Oui ! Bien que ce ne soient pas des régions, les différents types de vins sont aussi dépaysants qu’un nouveau vignoble à découvrir.
Première étape : les vins conventionnels
Pour mieux apprécier ce qui distingue les vins bio, biodynamiques et naturels, il faut connaître le point de départ, le vin conventionnel. Il représente la majorité de la production totale de vin français. D’ailleurs, plusieurs domaines prestigieux rentrent dans cette catégorie : le Château Pavie, le Château de Beaucastel, le domaine Dominique Lafon… Cela peut paraître paradoxal, mais plusieurs grands crus sont en fait des vins… conventionnels !
Image des vignes du Château de Beaucastel, situé à Courthézon dans le département de Vaucluse en région Provence-Alpes-Côte d’Azur appartenant à la famille Perrin.
Bien que peu restrictives, les pratiques sont régulées par des normes européennes. À titre d’exemple, un vin rouge ne peut contenir que 150 mg/l de dioxyde de soufre, ou 200 mg/l pour les vins blancs. Nous mentionnons le SO2 (à l’origine des fameux sulfites) car c’est le bouc émissaire des maux de tête et des autres mésaventures. Mais il y a bien d’autres aspects qui font l’objet de régulations : les intrants, l’édulcoration, l’acidité volatile, les procédés oenologiques…
En outre, la vigne peut être entretenue avec des produits chimiques efficaces. Cela ne veut pas dire que les producteurs de vin conventionnel tuent la planète sciemment. Mais ils ont une marge de manœuvre assez large qui s’avère être pratique, surtout là où les maladies de la vigne comme le mildiou et l’oïdium prolifèrent.
Aussi, ce n’est pas parce que les vignerons ont une limite maximale qu’ils tapent dessus systématiquement. Au demeurant, plusieurs vins conventionnels sont aussi propres qu’un vin bio. Pourquoi ne voudraient-ils pas se faire labelliser ? Il y a plusieurs raisons. Cela demande du temps (trois ans pour une conversion en bio), de la paperasse, de renoncer à la souplesse des pratiques…
Le mieux est d’essayer de laisser tomber ses a priori et de s’intéresser aux méthodes de chaque vigneron ou vigneronne. Un domaine familial est plus susceptible de produire un vin conventionnel propre qu’un négociant pour la grande distribution !
Au pays des vins bio
Qu’est-ce que le vin bio ?
Un vin bio est un vin fait à base de raisins issus de l’agriculture biologique. Les produits de synthèse sont remplacés par la bouillie bordelaise ou le soufre, plus naturels. La vendange manuelle y est recommandée. Depuis 2012, pour prétendre au label bio, un vigneron doit aussi suivre certaines règles lors de la vinification. Il faut bannir plusieurs intrants même s’ils ne sont pas tous interdits…
Image des vendanges au domaine Jo Landron
Les domaines en bio doivent être soumis à un contrôle annuel par un organisme indépendant (Agrocert, Qualité France, Ecocert…).
Le cahier des charges n’est pas aussi restrictif qu’il le pourrait. Le bio montre néanmoins une volonté de soigner sa production de vin dans le respect de l’environnement.
Aujourd’hui, cette démarche traverse toutes les régions viticoles en France. On trouve aussi bien des cabernets francs bio à Bourgueil, comme le Domaine du Bel Air, que des vermentinus bio en Corse avec le Clos Nicrosi.
Comment reconnaître un vin bio ?
Du point de vue visuel, un vin bio est reconnaissable grâce à la présence d’un label, c’est-à-dire un logo dans l’étiquette. Le plus répandu est le label européen bio ainsi que le label d’agriculture biologique (AB). Ils ne sont pas limités au vin. En effet, vous les retrouvez dans la plupart des produits bio.
Il y a deux autres labels moins connus : Nature & Progrès et Biocohérence. Leur cahier de charge est bien plus strict. De fait, ils ont surgi comme une réaction à la souplesse du bio classique. Les vignerons font aussi attention à la manière de distribuer leurs vins. En effet, vous ne les verrez pas en grande surface !
Et en termes de goût ? Comment reconnaît-on un vin bio en bouche ? Hélas, même les plus grands sommeliers auraient du mal à discerner avec certitude un vin bio d’un vin conventionnel. Cela nous amène à aborder les mythes du vin bio.
Les mythes sur le vin bio
En règle générale, méfiez-vous des vérités absolues dans le domaine du vin !
Par exemple, vous avez peut-être déjà entendu qu’un vin bio ne contient pas de sulfites. C’est faux. Le bio permet l’ajout de 100 mg/l de SO2 pour les vins rouges et de 150 mg/l pour les vins blancs. À nouveau, cela ne veut pas dire que tout le monde en met autant. De plus, le soufre a une mauvaise presse mais c’est un excellent antiseptique et antioxydant.
Par ailleurs, le vin bio a fait des adeptes qui pensent qu’il est meilleur que le vin conventionnel. Les détracteurs défendent le contraire. Or, le label bio n’est pas un gage de qualité (ni bonne ni mauvaise !) mais une caractéristique parmi d’autres d’un vin.
Un dernier mythe pour la route : « les vins bio ne se gardent pas ». Pourtant, ce serait dommage d’ouvrir une Romanée-Conti un an après la mise en bouteille ! Le potentiel de garde d’un vin dépend de plusieurs facteurs, mais le bio n’empêche pas un vin de bien vieillir.
Halte chez les vignerons en biodynamie
Qu’est-ce que le vin en biodynamie ?
La biodynamie représente un pas supplémentaire par rapport au bio. Les restrictions sont plus importantes, dans la vigne et dans le chai. Les pratiques viticoles sont fondées sur les préceptes anthroposophiques de Rudolf Steiner et sur le calendrier astral de Maria Thun.
Selon la conception holiste de la biodynamie, la qualité du vin vient des échanges entre la terre et la plante. C’est pour cela que les viticulteurs entretiennent la vie du sol. Les traitements sont réduits au minimum et ils sont faits à base de préparations naturelles. La vendange manuelle est obligatoire pour ne pas perturber la biodiversité du sol. Aussi, les vignerons de la biodynamie travaillent la vigne en fonction du calendrier lunaire. La terre fait partie d’un ensemble organique plus large dans le cosmos.
Cette approche ésotérique est parfois raillée et discréditée. Or, de nombreux domaines prestigieux, comme le Clos Canarelli et le Domaine de la Vougeraie, y ont adhéré.
Les vins biodynamiques ont-ils des sulfites ? Le cahier de charges permet l’ajout de 70 mg/l de vin rouge et de 90 mg/l de vin blanc.
Quels sont les labels d’un vin biodynamique ?
Il existe deux labels pour les vins biodynamiques. Le label Biodyvin présente une grappe de raisins de couleur verte. Il dépend du Syndicat international des vignerons en culture biodynamique (SIVCBD) et il est assez élitiste. Cependant, c’est l’organisme Écocert qui réalise la certification.
Ensuite, vous trouverez des vins avec le label Demeter (en hommage à la déesse grecque des champs et des moissons). Ce label orange regroupe près de mille domaines en France.
Si le vin que vous avez choisi possède l’un de ces deux logos dans l’étiquette… bingo ! C’est un vin biodynamique.
Fin de l’itinéraire : les vins nature
Qu’est-ce que les vins dits “naturels” ou “nature” ?
On entend beaucoup parler des vins naturels ou nature depuis quelques années. Pourtant, leur définition reste assez floue, même si elle se fixe peu à peu. En effet, depuis mars 2020, il existe le label « vin méthode nature ».
Les raisins sont issus de l’agriculture biologique et les vendanges sont faites manuellement. Du côté de la vinification, il s’agit d’un vin où l’humain intervient le moins possible. L’objectif est de laisser le terroir s’exprimer (même si cette question suscite des débats virulents parmi les oenologues !).
Et les sulfites ? Y a-t-il du dioxyde de soufre dans les vins nature ? Eh bien oui, on en trouve ! Certes, en très faible quantité, mais il y en a. Les sulfites sont présents sur la peau des raisins naturellement. C’est pour cela que les étiquettes indiquent plutôt « sans sulfites ajoutés » ! De plus, il est possible d’employer 30 mg/l de SO2 pour stabiliser un vin naturel avant la mise en bouteille.
En l’absence de réglementation jusqu’en 2020, quelques domaines se contentaient de mettre le moins de soufre possible dans un vin issu de raisins de provenance douteuse. On l’appelait de façon lacunaire « vin sans soufre ».
En revanche, beaucoup de producteurs faisaient un vin le plus naturel possible. Dans cette catégorie, on trouve bien des pépites comme le Plan B du Domaine Roland Schmitt, un riesling d’exception !
Domaine Roland Schmitt – Riesling Plan N blanc 2018
Comment reconnaître un vin nature ?
Avant 2020, il fallait se fier aux mentions de l’étiquette ou faire des recherches sur les méthodes d’un domaine particulier. Désormais, le vin nature aura son label « vin méthode nature ».
Et à l’aveugle ? Définir un goût de nature serait aller à l’encontre de ce que prônent les vignerons. On donnerait de l’unité à une nature diverse qui s’exprime à travers le vin. Toutefois, il est possible qu’à l’ouverture du vin vous sentiez des arômes un peu sauvages avant de laisser la place au fruit. Aussi, le vin peu présenter une légère pétillance. S’ils vous déplaisent, attendez un peu que le vin respire un peu. Autrement, profitez de votre vin nature !
Un vin bio, en biodynamie ou nature … quoi choisir ?
À l’issue de ce parcours à travers les vins bio, en biodynamie et nature, vous êtes peut-être perplexe. C’est sûrement plus clair dans votre tête mais comment déterminer votre choix chez le caviste ? Un conseil sage serait de vous inviter à ne pas vous limiter. Il y a des vins extraordinaires dans toutes les catégories. Comme nous l’avons vu, le bio, la biodynamie et le vin nature sont autre chose qu’un gage de qualité. Ce sont des choix philosophiques et éthiques des vignerons et des vigneronnes. Faites-vous plaisir à découvrir la diversité du vin et intéressez-vous à la singularité de chaque bouteille. Vous forgerez votre propre avis en dégustant une sélection pertinente de vins avec de la bonne compagnie.
Avis de la communauté (3 avis)
Commentaires sur Vins bio, en biodynamie et nature : le guide ultime
Un nouveau monde de variétés s'ouvre devant moi à partir de maintenant. Un article très clair. A la votre!!!
Super intéressant et éclairant !
Merci! Très clair!!
Laissez nous un avis !